Austin Healey

Un pilote aux commandes : Donald Healey

Donald Healey est d’abord un pilote, ce qui explique la conception de l’Austin Healey. Il remporte pour Invicta le Monte Carlo en 1931 et devient metteur au point pour Triumph pour les modèles de route aussi bien que de compétition. Après-guerre il fonde la Donald Healey Motor Co. Ltd et assemble ses premiers modèles à moteur Riley. Au début des années 50 il fournit pour Nash des moteurs 6 cylindres, ce seront les originales et confidentielles Nash Healey.
En 1952 Donald Healey présente au salon d’Earls Court un prototype équipé d’un moteur Austin 4 cylindres ; Leonard Lord est séduit par cette voiture de sport et propose une association afin de produire la voiture dans l’usine de Longbride de la British Motors Corporation. L’Austin Healey 100 est née.
Notre modèle est sorti en 1955 et a été entièrement restauré il y a une dizaine d’années. Didier Albert a configuré sa voiture en version Le Mans : boite à air, carburateurs redimensionnés, capot à louvres, énorme radiateur en aluminium, arbre à cames spécial et ressorts de soupapes plus raides entre autres pièces visant à atteindre une puissance d’environ 115 cv. La configuration du véhicule est de type le Mans, comme l’atteste une plaque dans le compartiment moteur.
Esthétiquement, la ligne de la Healey est d’une pureté encore accentuée ici par l’absence de pare-chocs, de poignées de porte et la possibilité de rabattre le pare-brise. Le profil est particulièrement réussi avec cette découpe de peinture qui accentue la ligne parfaite d’un bout à l’autre de la carrosserie et qui évoque la vitesse même à l’arrêt. Notre modèle est équipé de roues fils peintes à la connotation sportive.
On monte à bord en tirant un câble situé à l’intérieur de la portière. L’habitacle est tendu de cuir, on s’installe dans des baquets adaptés à une conduite sportive devant une planche de bord en tôle peinte épurée, avec juste ce qu’il faut d’instruments, avec en main un volant bois au toucher toujours aussi évocateur ; on se croit déjà sur le circuit du Mans.
Pour démarrer on tourne la clé et contact par bouton poussoir ; l’échappement latéral émet un son rauque et grave, le moteur cubant 2.7 litres. Le démarrage peut s’effectuer en seconde (la 1ère n’est pas synchronisée) sur le couple du 4 cylindre souple qui emmène avec facilité une voiture légère (la caisse est en partie en aluminium) et palie les défauts de la boite de vitesse accrocheuse. Le confort global est plutôt satisfaisant pour une voiture de sport anglaise et la prise en main nécessite juste de s’habituer au flou de la direction à vis. La boite 4 vitesse + overdrive permet de conduire sur le couple du moteur qui n’est de toute façon pas conçu pour les montées en régime à l’italienne. Le tachymètre dépasse rapidement les vitesses autorisées et surtout les sensations sont celles d’un roadster à la fois sportif et facile à prendre en main (du moins sur le sec) même pour l’amateur débutant. Le freinage de notre modèle, équipé de disques à l’avant, est plutôt rassurant également. Madame pestera en revanche contre le manque de place et le niveau sonore.
Didier Albert nous avoue que la voiture est parfaite pour les rallyes de régularité. Elle est aussi éligible pour toutes les grandes épreuves classiques (Tour Auto, Milles Miglia, Liége Rome Liége, Le Mans Classic, etc).

Comparée à d’autres roadsters anglais la Healey est accessible en conduite et on se prend au jeu.

Evolution

En 1956 la Healey passe au 6 cylindres et devient une 2+2. Mécanique plus noble pour certains, la voiture s’embourgeoise un peu dans cette configuration. Si cela est imperceptible pour le néophyte, la Healey 6 cylindres, reconnaissable à sa calandre ovale, possède une carrosserie totalement nouvelle et des dimensions plus importantes.
En 1959 apparaît l’Austin Healey 3000, dont le six cylindres est porté à trois litres (124 ch.). Elle est équipée en série de freins à disque à l’avant. En 1961, la 3000 Mk II reçoit trois carburateurs SU HS4, pour atteindre la puissance de 132 ch. En 1962 la 3000 Mk IIA semble bien bourgeoise par rapport à notre modèle essayé aujourd’hui : la 2 places disparaît et les vitres descendantes sont montées, de même que des déflecteurs et un pare-brise bombé. La 3000 Mk III de 1964 est l’ultime évolution avec un servofrein et une suspension arrière avec tirants longitudinaux. C’est la plus puissante avec 150 cv.

Rouler aujourd’hui en Austin Healey

Assez performante pour rouler dans le trafic actuel, plutôt facile à entretenir grâce à sa mécanique de grande série et à la disponibilité des pièces, l’Austin Healey connait une côte d’amour très élevée dans le monde de la collection. Esthétiquement reconnue comme un classique anglais de référence il vous restera à choisir entre les versions 4 ou 6 cylindres, la 4 cylindres plus légère ayant la préférence des plus sportifs. Pour la 3000, les offres sont assez nombreuses, la voiture ayant été fabriquée à plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires (73000). Pour la 100, seul 14634 exemplaires ont été produits dont 50 exemplaires de la très exclusive Sebring. La côte élevée doit vous inciter à bien vérifier l’historique du véhicule : pour cela il suffit de faire une demande à l’Heritage Motor Center.
Comme toute voiture de cette époque c’est la carrosserie qu’il faut examiner de près, notamment, car la Healey est fabriquée en acier et aluminium d’où une restauration couteuse, idem pour le châssis (trace de chocs et/ou corrosion) qui peut faire s’envoler la facture. L’électricité peut se montrer capricieuse. Une anglaise de caractère.Pour vous aider vous pouvez contacter un professionnel ou bien le club Healey France : club-healey.com

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