Après l’agile et fluette Berlinette, l’A310 marquait déjà la volonté d’Alpine de construire une voiture de sport moins radicale. Avec le contrôle de la marque par Renault, sa remplaçante va viser directement Porsche tout en misant sur plus de confort. Ainsi va naître la prometteuse Alpine GTA.

En mars 1985 est présentée sous logo Renault la version V6 atmosphérique forte de 160 ch. ; mais il faut attendre la fin de l’année pour voir débarquer la version tant attendue avec son turbo et ses 200ch. Lancement en demi-teinte même si la presse accueille plutôt bien une voiture très performante et bien placée au niveau prix face à la concurrence, c’est-à-dire Porsche. C’est cette version Turbo qui sera la plus vendue et que nous essayons ici.

L’esthétique de la V6 Turbo traduit la philosophie du modèle : plus volumineuse qu’une A310 elle permet à 4 personnes de voyager confortablement…mais sans bagages car le seul coffre avant autorise tout juste d’emporter 1 ou 2 petits sacs de voyage. L’habitacle est spacieux et confortable, on sent que la voiture a été dessinée autour de ces 4 places et du moteur toujours placé en position arrière mais en porte à faux du châssis poutre…cette répartition des masses rend parfois la conduite de la voiture délicate sur le mouillé (effet sac à dos) ou a très grande vitesse (l’avant a tendance à flotter). Malgré le positionnement GT de la belle l’intérieur déçoit par la piètre qualité de fabrication et de présentation, ce défaut ne sera jamais corrigé, il sera proposé par la suite un habillage tout cuir mais qui ne suffit pas à ce niveau de gamme. Le design extérieur est dicté par la recherche de la meilleure aérodynamique. Elle se distingue par de très grandes surfaces vitrées, l’avant est fluide et pur mais manque un peu de caractère ; la partir la plus réussie est l’arrière avec les grilles d’aération, une belle largeur et le décrochement de caisse qui donnent une bonne assise visuelle. Les jantes turbines rappellent la présence du Turbo, l’aérodynamique soignée est notable jusque dans les détails avec des poignées intégrées (et électrique – attention à la panne mais des poignées de secours mécaniques sont prévues !) et des rétroviseurs profilés.
Souvent rouges ou blancs nacrés, la rare couleur d’origine sombre de l’exemplaire essayé ici sied parfaitement à sa vocation grand tourisme.

Contact, et là, petite déception. Le bruit d’origine de la mécanique est feutré et pas du tout sportif, même en roulant. Il faudra avoir recours à une ligne inox pour faire chanter le V6 PRV. A propos de ce fameux PRV, précisons tout de suite qu’il s’agit d’une version profondément revue de 2 458 cm3 tout alu doté d’un vilebrequin à manetons décalés pour tourner rond. Equipé d’un turbo Garret T3 complété d’un échangeur air-air il délivre sa puissance à l’ancienne, avec un certain temps de réponse à le fameux « coup de pieds au cul » : compter sur 200 ch. à 5 750 tr/mn, mais surtout un couple de près de 30 mkg dès 2 500 tr/mn. La V6 Turbo autorise donc une conduite sur le couple aussi bien qu’une conduite bien plus musclée, aidée par une boite de vitesse plutôt agréable à manipuler et des freins suffisants. Avec un poids de seulement 1 200 kg, le 0 à 100 km/h est abattu en 7”3, le kilomètre départ arrêté en moins de 27” tandis que les 250 km/h sont facilement franchis.
Malgré ses qualités mécaniques ce modèle sera une déception commerciale, bien que l’Alpine la plus produite jusqu‘à la nouvelle A 110. Elle a surtout souffert de sa mauvaise qualité de fabrication (plastiques, électricité…) et d’un lancement sous pavillon Renault.

Moteur Alpine V6 Turbo

Le logo Alpine fait sa réapparition en 1989 et on lance une série limitée Mille Miles. En 1990 le pot catalytique fait baisser la puissance à 180 ch. On lance la série limitée Le Mans, qui séduit avec sa carrosserie bodybuildée, mais dont la puissance ne change pas.

Intérieur Morgan Plus 6

Trouvez une Alpine V6 Turbo n’est pas trop difficile ; pas de souci particulier sur la mécanique, vraiment fiable, un kilométrage élevé n’est pas un souci. En revanche méfiez-vous d’un modèle ayant été immobilisé et surtout vérifiez l’entretien du circuit de refroidissement et du circuit électrique (risque d’incendie). Surtout sachez que sous la belle carrosserie en matériaux synthétiques il faut aller chercher le châssis poutre pour vérifier son état. L’entretien n’est pas toujours des plus aisé, l’accessibilité laisse à désirer et certaines pièces spécifiques sont difficiles à trouver (pneumatiques par exemples) tandis que beaucoup de pièces proviennent de modèles Renault de grande diffusion, il faut alors chercher les correspondances.
A l’usage l’Alpine V6 Turbo autorise aujourd’hui un plaisir de grande routière sportive au caractère bien trempé avec son moteur en porte à faux arrière, son effet turbo et son design très 80’s. Une voiture très attachante.

Le Musée
Allée des vinaigriers, 44300 Nantes
02 49 09 43 93 – le-musee.com

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