Facel est la dernière marque automobile de luxe française. Elle a su en 10 petites années s’inscrire dans l’histoire automobile.

La France est le pays de l’automobile et du luxe automobile jusqu’à la seconde guerre mondiale. Les grandes marques ne surent pas prendre le virage des 30 glorieuses, manquant souvent de moyens et confrontés aux difficultés d’après-guerre. Et pourtant une marque de luxe est lancée en 1954 avec des modèles qui font l’admiration des amateurs de belles carrosseries et de voiture performante.
Jean Daninos, le frère de l’écrivain Pierre Daninos, n’est pas un nouveau venu dans l’industrie automobile. En 1928 il entre chez Citroën en tant que stagiaire où il acquiert les techniques de la carrosserie tout acier importée par la marque au chevron. Puis il intègre l’avionneur Morane-Saulnier où il prend l’habitude de travailler l’acier inoxydable et l’alliage léger. La société des « Forges et Ateliers de Construction d’Eure et Loire » créée en 1939 fournit des pièces de carrosserie pour plusieurs constructeurs et fabrique même des voitures entières, comme les Ford Comète ou les Simca Sport. Un premier indice est la création d’un luxueux coupé Bentley nommé Cresta II en 1951. Dans la foulée la décision est prise de lancer une voiture inédite sous la marque Facel.
La Vega, du nom de l’étoile la plus brillante de la constellation de la Lyre, est présentée au salon de Paris 1954. La FV1 séduit d’emblée par son style, ses performances et la qualité de ses matériaux. Châssis et style sont de pures créations, de même que l’intérieur qui se fait connaitre par sa planche de bord peinte imitant le bois vernis (qui apparait en 1955), et une obsession de la symétrie. Côté mécanique c’est un gros V8 Chrysler qui autorise les performances de sportive de la voiture, avec une puissance comprise entre 335 et 390 ch. En 1956, c’est l’Excellence qui est présentée, une grande berline caractérisée par ses portes antagonistes et sans montant, au style provocant.
Cette grande berline spectaculaire est rejetée par l’Elysée pour les cortèges officiels, son style et sa mécanique étant sans doute un peu trop américanisants… ! En 1958 le style Facel atteint sa maturité avec la nouvelle HK 500, qui s’octroie le titre de coupé 4 places le plus rapide du monde avec près de 237 km/h. Elle adopte notamment 4 freins à disques, avec en option une direction assistée, des vitres teintées et même un jeu de valises sur mesure. Le client a le choix entre une boite de vitesse manuelle et une automatique. La puissance des Facel en fait des voitures rapides mais pas pour autant des voitures de sport, le poids (1 800 kg) et un essieu arrière rigide rendent la machine difficile à maitriser sur petites routes.


La marque entre néanmoins dans le grand monde avec des personnalités comme Stirling Moss ou Maurice Trintignant. La HK 500 est un succès commercial avec 450 exemplaires construits en 3 ans. Il est à noter que la majorité de la production est vendue à l’exportation.
Nous nous intéressons dans ce numéro uniquement au FACEL V8, nous reviendrons dans le prochain numéro à la petite Facel qui fait alors son apparition…
En 1961, est présentée la Facel II, toujours un coupé de grand tourisme à la ligne plus tendue qui recueille tous les suffrages au salon de Paris. La voiture est particulièrement racée et fine, elle se caractérise aussi par l’adoption des feux Mégalux crées par Marchal. La Facel II conserve le titre de coupé 4 places le plus rapide du monde avec 240 km/h et le 0 à 100 km/h abattu en 7,5 secondes. Mais la voiture prend encore de l’embonpoint avec près de 2 tonnes ; le châssis conserve un archaïque essieu rigide et des ressorts à lames… Vendue 4 fois le prix d’une DS sa carrière ne dura que 3 années, en majorité exportée et adoptée par des célébrités comme le Shah d’Iran ou Ringo Star. En 1964 sa carrière s’arrête, la marque aussi mais nous en reparlerons dans le prochain numéro.

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