L’urgence à agir pour réduire les émissions de CO2 et les politiques contraignantes des gouvernements (l’interdiction de vente de voitures à moteurs thermiques – on ne sait pas si cela concerne les hybrides- est de principe actée pour 2040 en France) accélèrent le lancement de modèles électriques.
Mais les limites des batteries en terme d’autonomie et de temps de charge pourraient encourager le développement des voitures à hydrogène, qui sont en fait des voitures électriques qui au lieu de stocker l’énergie dans les batteries la stockent sous forme d’hydrogène qui alimente une pile à combustible. Il suffit donc de faire un plein d’hydrogène en quelques minutes pour une autonomie de plusieurs centaines de kilomètres.
La Chine a présenté récemment un nouveau plan gouvernemental pour accélérer le développement de la voiture à hydrogène. Le marché chinois étant devenu le premier au monde avec 28 millions de véhicules vendus l’an dernier, cette décision interpelle les constructeurs automobiles. “Nous devons créer une société de l’hydrogène. Nous allons surmonter tous les problèmes qui ont empêché le développement du véhicule à pile à combustible”, a commenté Wan Gang, l’un des dirigeants du régime. Les aides et incitations pour les voitures électriques ont pris fin dans ce but.
L’offre est aujourd’hui pourtant embryonnaire. Hyundai commercialise la Nexo, Honda la Clarity (non vendue en Europe) et Toyota la Mirai ( 78 900 €). Ces 3 modèles représentent l’essentiel des 12 000 voitures à hydrogène en circulation sur la planète.
Si l’hydrogène est séduisant à l’usage son bilan carbone est moins bon qu’il n’y paraît
Les objectifs de la Chine sont impressionnants : 1 millions de voitures à hydrogène en 2030. Le but est de compléter l’offre des véhicules électriques, l’hydrogène étant plus adapté aux longs parcours ou aux poids lourds par exemple. La Chine étant déjà championne des voitures électriques, c’est à coup de subvention et d’incitations que ce développement devra atteindre ses objectifs. Reste que la Chine produit une grande partie de son électricité avec du charbon…
Pas de miracle
Si l’hydrogène est séduisant à l’usage son bilan carbone est moins bon qu’il n’y paraît : en effet la quantité d’énergie pour à la fois propulser la voiture mais aussi la fabriquer est défavorable à l’hydrogène : le rendement électrique de la pile à combustible est de 40%, quand celui d’une batterie est de 90% ; par comparaison le moteur thermique se situe entre 15 et 20%.
L’autre problème est la fabrication et le stockage de l’hydrogène. Pour être réellement vert il faudrait que 90% de sa fabrication soit d’origine solaire ou éolienne, ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui. Enfin se pose le problème du coût de l’installation des pompes à hydrogène, même si celles-ci sont 600 fois plus efficaces qu’une borne électrique. L’hydrogène apparaît donc comme un complément à la voiture électrique à batterie.
Audi a annoncé investir davantage dans son programme h-tron (il faut dire que la Chine est le premier marché de la marque). Alors que son SUV électrique e-tron a été lancé il y a quelques mois, le constructeur d’Ingolstadt semble craindre pour ses approvisionnements de batteries. Même Tesla émet des doutes sur les capacités en ressources et en transformation de l’industrie automobile et électronique. Ceci est en faveur de l’hydrogène : la pile à combustible ne nécessite qu’un seul métal noble, le platine, facilement recyclable.
On pressent que la marche forcée vers l’électrique n’est pas la solution idéale, les contraintes de poids, de recharge et d’autonomie des batteries étant parfois incompatibles avec l’usage (autoroute, grande distance)
L’hydrogène est peut être une solution ? En tout cas pas la solution unique, c’est pourquoi le tout électrique prôné impérativement par les pouvoirs publics pourrait s’avérer dangereux en occultant d’autres solutions et en empêchant les investissements nécessaires au développement d’autres technologies.
H24 : la mission H24 a pour but d’amener une voiture à pile à combustible avec moteur à Hydrogène à la victoire au Mans 2024. D’ailleurs une voiture de course à hydrogène a déjà ouvert la course le 15 juin dernier.